Affaire Seznec : 7 ans de réflexion ?

"Relis-toi sept fois avant d'écrire."

Alain Bosquet

Un peu de culture pour commencer... Le chiffre 7 est hautement symbolique.

Donc 14 décembre 2006 / 14 décembre 2013, soit sept années où l'on peut se demander si l'on a avancé sur le personnage de Guillaume. Ou sur celui de Pierre.

Si les archives "ont parlé". Ou pas.

Si de nouveaux témoins ont apporté leur pierrre à l'édifice ?

Si de nouvelles pistes ont vu le jour ?

Silence radio.

J'ai sagement repris les dernières circulaires de France-Justice pour voir si quelque chose m'avait échappé. Rien.

La numéro 27 du 15 mars 2007 est douloureuse. Puisqu'elle restitue toutes les réactions des medias au refus de réhabilitation de Guillaume (là, ils n'étaient pas chloroformés !). C'est la dernière que j'ai reçue... Parce qu'entre-temps...

Et bien parce qu'entretemps il y a eu ce phénomène déclenchant que fut le forum de Marylise Lebranchu.

Des gens de toutes obédiences politiques sont venus y participer. Pro et anti-Seznec. Et cela a castagné. Sec.

Il faut bien comprendre, c'était la toute première fois où l'on pouvait tous se rencontrer. Même sur un lieu virtuel comme un forum de député.

Cela a duré deux bons mois.

Puis chacun est rentré chez soi. Moi, je n'en suis pas ressortie indemne. Et j'ai vite pris l'habitude d'aller visiter les forums et les blogs qui fleurissaient un peu partout. Histoire de comprendre....

Je m'étais surtout aperçue que je ne connaissais rien de Guillaume Seznec. Et que je n'avais plus de temps à perdre avec les "versions officielles", mais qu'il me fallait chercher par moi-même les informés et les informations.

Je ne comprenais pas pourquoi on refusait toujours de réhabiliter Guillaume. J'étais (et je suis encore) intimement persuadée qu'il n'a pas tué. Je sais que l'intime conviction pèse bien peu dans la balance de la justice. Mais je le précise ici. Pour éviter tout mauvais procès.

Alors j'ai tout relu.

Et je suis restée sur ma faim.

Chacun se battait pour SA piste. Mais pas vraiment pour Guillaume. On accusait Quemeneur de tout et de l'envers de tout. Mais sans preuves. Alors s'il faut des preuves pour condamner l'un, il en faut aussi pour condamner l'autre.

Curieusement, l'enquête de proximité n'avait jamais été faite. Que ce soit à Morlaix ou à Landerneau. A Châteaulin ou à Brest. Qui étaient nos deux acteurs ? Qui avaient-ils fréquenté ? Quelles vies avaient-ils vraiment menées ?

Pas des "ragots" mais des interviews qui tiennent la route.

J'avais les cassettes des émissions d'Europe 1. Oui, mais, en 1979, il y avait encore bien des gens en vie qui auraient pu être interrogés. Tiens, juste au hasard, Marie-Anne Quéméner, la soeur de Guillaume, l'épouse du notaire Jean Pouliquen. Elle n'est morte qu'à 95 ans, soit en 1981.

Oui, cette info je l'ai apprise sur le fameux forum. C'était un nouveau souffle d'air. Un peu comme celui qui soulève la jupe de Marilyn sur la bouche du métro. Mais là, c'était plutôt au niveau du cerveau. J'avais été intellectuellement séduite par un certain SaintOp. J'ai donc rassemblé tous ses messages et je les ai reliés en un cahier. Et j'ai alors pu voir l'étendue du boulot qui me restait à faire si je voulais me mettre à niveau.

Il n'y a aucune coalition contre qui que ce soit. Juste un désir de savoir. De comprendre. De chercher des infos sur des personnages qui avaient été jusque là complètement occultés.

SaintOp avait écrit une foutue phrase en date du 30 janvier 2007 : "Au fait, Pouliquen, Jestin, Picard, Le Hir, Croissant, Vérant, Foch, Weygand, Lajat, Legrand, Danguy des Déserts, Inizan, Simon, Petitcolas, Cunat, Le Gall... ne seraient-ils pas au moins aussi intéressants que Juliette Le Her ?"

Alors, je m'y suis mise. Avec mon système de cahiers. Et la liste impressionnante de noms. Que je ne connaissais pas. Je grapillais de-ci de-là chaque info que je consignais bien sérieusement. Si cela ne m'a pas donné la clé de l'énigme, cela m'a au moins permis d'avancer. Ailleurs et autrement.

En 2010, un nouveau blog hyper documenté est apparu. "L'affaire Seznec revisitée". Je ne connaissais rien (ou pas grand chose) à la ténébreuse histoire du crime de La Grande-Palud. Mais j'ai vite appris. Ce blog a été piraté de nombreuses fois (faut croire qu'il dérange). Mais sa critique impertinente de "Nous, les Seznec" est une mine d'informations.

Alors là, il faut arrêter net la parano. Il n'y a pas complot contre le petit fils parce que des gens cherchent à comprendre autrement. Et à trouver la vérité. C'est comme pour aller à Rome, plusieurs chemins y mènent !

Et puis les archives ont commencé à s'ouvrir....

Mais pendant ce temps-là, du côté du France-Justice : rien. "La chape de plomb". Pas même la mention du forum chez Marylise Lebranchu. 

J'ai ouvert mon blog l'été 2010. Encore très imprégnée des vibrants témoignages des anciens de Lormaye. Puis, en compulsant les archives à Chartres, en relisant Huzo et le procès des Quemin, j'ai fini par comprendre que cette piste n'en était pas une (tant mieux car Denis Seznec n'y croyait pas !) Qu'elle avait été montée de toutes pièces pour que l'on continue à parler de Guillaume Seznec.

Plus récemment, Maître Denis Langlois a mis certaines de ses archives de l'affaire Seznec sur Internet. Là encore, il y avait matière à apprendre.

Je ne suis pas du genre influençable. J'ai un côté "maverick" (franc-tireur me dit mon dico ricain). Je préfère le cheval sauvage. Qui n'appartient à aucun clan.

Alors, remballez vos histoires d'influences de l'un ou de l'autre. Ou de groupuscules. Cela n'a jamais été mon truc. Cela ne le sera jamais.

Par contre, je suis tenace. Et curieuse d'esprit. Quand je ne comprends pas je vais jusqu'au bout du bout. Quitte à déplaire. A monsieur Toutlemonde.

Alors, oui, au fait,  SEPT ANS de réflexion ?

Les infos ne nous tomberont pas du ciel. Ni des conférences du petit fils. Il faut se bouger. Aller les chercher. Savoir se tromper de chemin. En reprendre un autre.

Mais ne pas abandonner. Même si la démangeaison (oui, la traduction exacte de "itch" c'est "démangeaison") des 7 ans commence à devenir pénible. Il ne s'agit pas de s'abrutir aux antihistaminiques. Juste de se mettre à gratter...

Liliane Langellier

16 décembre 2013

P.S. Je viens de lire chez Ludivine qu'un certain Louis François hurlait aux loups contre les critiques du livre du petit-fils par les blogueurs de "L'affaire Seznec revisitée".

Hurler, il a le droit. Apporter des preuves contre ce qu'ils ont écrit serait plus efficace. Mais, ça, c'est une autre histoire...

A suivre...