Affaire Seznec : La piste de Lormaye

Pierre Quémeneur a-t-il été assassiné par Guillaume Seznec à Lormaye ?

Affaire Seznec : quelles sont les origines de la piste de Lormaye ?

 

 

 

 

 

 

"Et la lumière luit dans les ténèbres,

Et les ténèbres ne l'ont pas saisie"

Evangile selon saint Jean, 1, 5.

 

 

 

SAINT JEAN BAPTISTE 1


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ce week-end, c’est la saint Jean-Baptiste, le saint patron de Lormaye. Ce soir, c'est la fête au village. Ce soir, c'est le feu de la saint Jean. Celui dont on doit rapporter un "brandon" qui protègera toute l'année la maison de la foudre. Ce soir, c'est  le petit bal avec son orchestre. Sur la place devant la Maison Boré.

Demain, c'est  la traditionnelle messe en plein air. Qui marque pour nous tous, dans le canton, le début de l’été.

 

 

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La Maison Boré derrière le terre-plein où se tiennent le bal et l'arbre de la saint Jean

 

 

La Maison Boré

 

C’est ainsi que la surnomment les Lormaisiens. Rien à voir avec le titre d’une nouvelle sulfureuse de Maupassant. Cette maison, datant vraisemblablement du XVIIIe siècle, fut la propriété de la famille de l’ancien maire, Alexandre Goislard (1862-1955), sellier bourrelier de son métier, dont la fille Thérèse avait épousé Monsieur Boré…..Jean !

« La Maison Boré » a pour principale qualité d’être la plus proche voisine de la Tour Saint Jean, qui tient lieu aujourd’hui de mairie et reste le dernier vestige de l’église du même nom démolie entre 1825 et 1850.

Ses propriétaires n’hésitèrent pas à construire et à orner son côté gauche d’une niche surmontée d’une croix pour placer à la vue de tous la précieuse statuette récupérée de l’église.

 

SAINT JEAN BAPTISTE 2

 

Les familles Goislard ou Boré se sont toujours montrées très discrètes, pour laisser, le temps de la fête du solstice d’été, tout honneur et toute gloire à saint Jean-Baptiste. Dont la statuette, illuminée et fleurie pour la circonstance, est maintenant hissée à la plus haute des fenêtres.

La proximité de l’église, l’ancienneté de la maison, les Lormaisiens interrogés, tout ne laisse-t-il pas à penser que « La Maison Boré » fut peut-être tout simplement l’ancien presbytère ?

 

Comment Marie-Jeanne Seznec a-t-elle été alertée de la piste de Lormaye ?

 

On peut lire en page 327 de "Nous, les Seznec " (édition 2006) :

 

"Pendant ce temps, Marie-Jeanne se démène obstinément pour rechercher des faits nouveaux susceptibles de conduire à la révision en même temps qu'elle se débat dans mille difficultés matérielles.

Extraits d'une lettre en date du 6 mars 1928 : 

 

"Avez-vous remarqué que la nouvelle campagne est menée par "Le Quotidien" ? Je suis allée deux fois à Chartres accompagnée de Me Luciani, cette fois c'est la Sûreté d'Orléans qui est en charge de l'enquête. Le procureur de Chartres (NDLR Comprendre Jacques Lansier) a confiance dans la réussite car les coupables ont une réputation horrible. Pouliquen, de Pont-l'Abbé ne serait pas innocent de la disparition de Quemeneur, tout ceci va faire un grand scandale, tout Paris en parle. Avec tout cela on écrit des lettres anonymes partout où je passe, ma fille et moi sommes aussitôt congédiées. Ce que nous gagnons, nous le dépensons dans une chambre meublée en attendant de trouver autre chose, ce qui nous mène vers la tombe à grands pas. Si encore on pouvait louer une chambre pour un an. Jeannette broderait et je ferais des extras, ainsi on vivrait en attendant le retour du père. Un peu plus loin : Les deux voyages de Chartres me sont revenus à 320 francs, l'avacat voyageant en 2e."

 

Essayons de comprendre ce court extrait :  

 

Georges Viet, dans l'article de Jacques Natanson paru dans "Les Annales Politiques et Littéraires" du 1er septembre 1928, dit clairement :

 

"Mais voilà qu'il y a deux ans, en lisant Le Quotidien, je tombe sur un article concernant l'affaire Seznec et se terminant à peu près par ces mots : "Mais peut-être M. X.... dont le jardin borde la rivière d'Auge pourrait-il nous dire où est Quemeneur ?" (cf sur ce blog la page "Pourquoi le témoignage si tardif de Georges Viet")

 

1.- Le Quotidien :

Paul Lederlin est administrateur de nombreuses sociétés et actionnaire de plusieurs journaux

Dans les Vosges – le quotidien spinalien « L’Express de l’Est » qu’il fonde en 1921 avant de le revendre en 1936 au groupe de presse de Raymond Patenôtre – et à Paris, « l’Ere nouvelle », racheté en octobre 1925, « L’œuvre » et « Le Quotidien »

 

'Le Quotidien" est un journal français de l'entre deux-guerres, proche du Cartel des Gauches en France.

 

Ce journal ne devait peu peu ou pas du tout être distribué en Eure-et-Loir et encore moins à Lormaye. Seulement voilà, comment l'ami Viet le récupérait :

 

"Alors que ce Monsieur Viet venait toutes les semaines chez mon oncle depuis… oh ça a duré au moins vingt ans. Il venait apporter son journal, puis il emportait ceux de mon oncle et de ma tante, ils faisaient un échange."

 

 

2.- Charles Huzo

 

HUZO ANNUAIRE GENERAL DES LETTRES 1931

 

Annuaire Général des Lettres 1931

 

Charles Huzo écrit donc dans les journaux du Groupe de Paul Lederlin, et notamment dans "Le Quotidien".

Peut-on penser qu'il serait l'auteur de l'article désigné par Georges Viet ? A vérifier.

 

3. L'Action Républicaine

 

Maurice Violette est issu de la petite bourgeoisie républicaine, socialiste indépendant dans sa jeunesse, il est membre du cabinet d’avocats et secrétaire d’Alexandre Millerand lorsque celui-ci rédige le discours de Saint-Mandé en 1896. Cette date marque l’adhésion d’une partie des socialistes français à l’idéal républicain. Chef du secrétariat particulier de Millerand en 1898, à l’époque où celui-ci est le premier socialiste à entrer dans un gouvernement (nous sommes en pleine Affaire Dreyfus), Maurice Viollette est élu député d’Eure-et-Loir en 1902 sous l’étiquette « radical-socialiste » et « républicain démocratique ».

 

En Eure-et-Loir, il s’allie avec les radicaux de Chartres (Lhopiteau) et de Châteaudun (Baudet) et s’enracine à Dreux. Il y est conseiller général en 1904, maire en 1908 ; il y fonde le journal « L’Action Républicaine » et se fait constamment réélire député dans l’arrondissement le plus à gauche du département.

 

Maurice Viollette fut le premier vice-président de la Ligue des Droits de l'Homme (LDH).

 

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14 juillet 1936 : Maurice Viollette aux cotés de L. Blum, M. Thorez, Salengro , et Pierre Cot

 

 

 Car c'est bien dans "L'Action Républicaine", le samedi 28 juillet 1928, que paraît le premier article sur la piste de Lormaye :

 

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"Me Marcel Kahn, avocat de Léon Seznec (NDLR : sic !) qui fut condamné, en octobre 1924, aux travaux forcés à perpétuité pour l'assassinat du conseiller général Quemeneur, vient de demander au Garde des Sceaux d'ordonner une enquête sur les faits suivants (...)"

 

4. Charles Doucet

Je l'ai découvert, tout récemment, en retranscrivant ma première interview de Madeleine Femeau-Mesnil. Et pourtant, c'est un renseignement d'importance :

 

"Dans ma famille, on en a parlé longtemps, d’autant plus que j’avais un oncle qui était président de la Ligue des Droits de l’Homme. Et quand il venait à Lormaye, on parlait toujours de « L’Affaire » avec mon oncle de Lormaye, alors, qui était le voisin de Viet."

 

La Ligue des Droits de l'Homme (LDH). Mais si, vous savez bien, Madame Marie-Françoise Bosser, l'infatigable institutrice de Riec-sur-Bélon, qui défendra becs et ongles l'innocence de Guillaume Seznec, appartient aussi à la LDH. Et elle va se charger de les faire bouger les membres de la LDH.Ce que femme veut...

 

Lire à ce sujet l'excellent article du blog de "l'affaire Seznec revisitée" en cliquant sur :

 

link

 

http://seznek.monespace.be/wordpress/?p=421

 

 

5. Brève histoire de la Ligue des Droits de l'Homme (sources : leur site Internet)


La LDH a été créée en 1898 à l’occasion de l’affaire Dreyfus pour défendre un innocent victime de l’antisémitisme et de la raison d’État, mais, dès le départ, elle a déclaré étendre son action à la défense de tout citoyen victime d’une injustice ou d’une atteinte à ses droits.

Sur cette base, la LDH se développe très vite et est à l’initiative de nombreuses campagnes, notamment, dans les années 1900-1920, en faveur de responsables syndicalistes poursuivis. Elle intègre alors la défense des droits économiques et sociaux à ses objectifs et pose avec vigueur le problème de la justice sociale et des droits des travailleurs.

Au lendemain de la Première guerre mondiale, elle s’efforce de maintenir le dialogue pour préserver la paix, avec les autres ligues européennes, en particulier la ligue allemande et la ligue belge, et c’est avec elles qu’elle crée la Fédération internationale des Ligues des droits de l’Homme (FIDH) en 1922.

Pendant l’entre-deux-guerres, elle est à l’initiative d’une vaste campagne pour la réhabilitation des soldats condamnés à tort par les conseils de guerre pendant le conflit. De nombreuses interventions, pétitions et mobilisations lui permettent d’obtenir, dans de nombreux cas, leur réhabilitation.

Dans les années 30, la Ligue joue un rôle important dans le rassemblement de toutes les forces démocratiques et progressistes dans la lutte contre le fascisme. C’est au siège de la Ligue des droits de l’Homme qu’est signé le Pacte des partis de gauche, syndicats et associations antifascistes, qui fonde le Front populaire en 1935.

 

 

Mais que veut-elle donc nous prouver, dans cet article, Liliane Langellier ? Juste que les témoignages de la piste de Lormaye ont été, comment dit-on déjà : "très encadrés".

 

Bon feu de la saint Jean à tous.

Liliane Langellier

 

LORMAYE-FEU-SAINT-JEAN.jpg

Lormaye. Embrasement du feu de la saint Jean. Après sa bénédiction.

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