Affaire Seznec : La piste de Lormaye

Pierre Quémeneur a-t-il été assassiné par Guillaume Seznec à Lormaye ?

Affaire Seznec : Guillaume en mode "Sortie de Dreux"

Et voilà que je fus fort tourmentée par notre Jean Bouchard. Je ne joue peut-être pas dans la nouvelle série "Origines", mais quand je veux trouver, je trouve... A en perdre le sommeil et l'appétit... A rester cloîtrée at home en oubliant de nourrir mes chats... Mais je trouve...

Ce qui me valut de connaître les archives municipales de Dreux. Après avoir largement écrémé celles de Chartres. Que je fréquentais déjà...

Dans les registres de recensement drouais de l'année 1921, je retrouvais bien ma Veuve Bouchard, au 57, rue du Bois Sabot. Propriétaire d'une graineterie, elle était prénommée Jeanne. Née à Romorantin en 1866. Vivant avec sa mère Louise Garnier, née elle aussi à Romorantin, en 1850. Et sa fille Jeanne, née à Dreux en 1900.

En 1926, seules figuraient mère et fille.

Mais de Jean : que point !

J'étais en quelque sorte bredouille...

Jusqu'à ce que....

Jusqu'à ce que je reçoive quelques renseignements complémentaires par un mail magique.

Il existe bien un Jean Bouchard. Vous pouvez d'ailleurs lire son acte de naissance en bas de cet article.

Né à Dreux le 5/9/1906 de Léon Eugène Bouchard, 51 ans, maréchal-ferrant, habitant 57, rue du Valgelé et de Jeanne Henriette Deroy, 40 ans, (née à Romorantin, le 5 janvier 1866 de Henri Deroy et de Léontine Chevret).

Marié à Dreux le 28 juin 1930 avec Marielle Simone Masson.

Décédé le 8 juin 1969 à Villemeux sur Eure.

Quant à moi, mes deux Jeanne sont nées en 1866.

Elles sont toutes deux nées à Romorantin.

Mais ni l'âge, ni le prénom, ni le nom de leurs mères ne correspondent.

Je viens de lire sur Internet le recensement Dreux 1901. Se trouvent (dans l'ordre) au 57 rue du Valgelé :

- Eugène Bouchard, 45, chef,

- Jeanne Deroy, 36, sa femme,

- Gaston Bouchard, 16, son fils,

- Jeanne Bouchard, 1, sa fille,

- Louise Greslay, 15, domestique.

Au vu de la date de naissance de leur fille Jeanne, c'est bien ma veuve Bouchard, grainetière, qui est sa mère. Reste donc plus qu'une seule veuve Bouchard née Deroy !!!! Mère de Gaston, de Jeanne et de Jean.

Léon Eugène Bouchard est né le 13 juillet 1855 à Romorantin. Marié le 28 avril 1884 à Romorantin avec Jeanne Henriette Duroy. Classe 1875. Il n'a pas participé à la guerre de 14. Voir Registre Matricule ci-dessus.

Gaston Bouchard est né le 29 janvier 1885. Oui, j'ai retrouvé son Registre Matricule en Classe 1905 à Dreux. En 1907, il va aller habiter à L'Aigle. 8 Quai Catel. Il est vétérinaire. Il se marie à Dreux en 1908. Et décède L'Aigle le 12 octobre 1970.

Jeanne Bouchard est né le 6 février 1900 à Dreux.

Quand le maréchal-ferrant est-il mort ? Toujours est-il qu'hier soir, tard dans la soirée, Pierlouim est venu à mon secours :

"Dans le Druide de 1921 il est question d'une veuve Bouchard 57 rue du bois sabot. Cette ancienne rue du val gelé s'est appelé Bois sabot à partir de 1920 (nom d'une bataille en 1915 où le régiment drouais le 101°RI s'est illustrés)

Il s'agit bien de la même adresse que celui du forgeron..En 1921 c'était donc une veuve (de guerre ?) avec un fiston de 15 ans."

Veuve de guerre, allons, sans doute pas, car le géniteur avait déjà 59 ans en 1914.

La rue du Val Gelé existe toujours. Et je m'en vais y faire un tour...

Deux questions sont encore à élucider :

- où se trouvait très exactement la pompe à essence de Jean Bouchard. Puisqu'il n'habitait pas avec sa mère ? Etait-il vraiment sur Dreux ? Ou ailleurs ?

- où peut-on retrouver trace de son témoignage exact ?

On sait quand même que :

Jean Bouchard a tien existé et qu'il était âgé de 17 ans quand il a rempli le réservoir de Guillaume.

Car "la question pour un champion" reste :

Pourquoi avoir pris en considération, lors de l'instruction et du procès, le témoignage d'Hélène Conogan, la môme de 14 ans de la Queue-les-Yvelines, et avoir délaissé celui de Jean Bouchard ???

A peine orientée l'enquête, hein !

Au fait, pendant qu'on y est, si vous voulez vraiment mais vraiment connaître la route de Bretagne qui traversait Dreux, c'est chez Pierlouim et nulle part ailleurs...

Ce fut quand même plus simple pour le personnage d' Emile Hodey.

Si vous écrivez son nom dans la fonction "Recherche" de mon blog, vous obtiendrez 39 réponses... On sait tous qu'il a dépanné deux fois la foutue Cadillac, le vendredi 25 mai entre 16 h 30 et 20 h. Et qu'il a récidivé, lors du retour de Seznec pour Morlaix, le samedi 26 mai vers 16 heures.

J'ai déjà souligné quelques bizarreries dans son témoignage concernant le moteur de la Cadillac. Cela ne s'est pas arrêté là. Mais commençons par le commencement...

Hyacinthe Emile, est né à Damville (Eure) le 20 janvier1890. Il est d'origine modeste (père: journalier).

Il se marie le 2 février 1914 à Suzanne Marie Buffet (née en 1893), à Saint André de l'Eure (Eure).

Et décède le 30 mars 1958 à Clichy la Garenne.

Il fut d'abord garagiste à Saint André en 1920, puis à Dreux. Il déménage pour Bois-Colombes (vers 1930 ? date exacte à vérifier...)

Matricule militaire : 208 de la classe 1910 au recrutement d'Evreux.

Il figure bien dans les listes de recensement drouaises. Au 31, rue d'Orfeuil. En 1921, avec son épouse Suzanne et un mécanicien ajusteur du nom de René Censier, né en 1904 à Saint Cyr (Seine et Oise). En 1926, on ne trouve plus que le couple.

Voilà pour ce qui est écrit.

En fait, c'est un petit garage. Qui fait le coin entre la rue d'Orfeuil et la rue Ernest Renan à Dreux. Oui, un garage qui ne paye pas de mine. Et, qui, d'après les anciens drouais, a toujours abrité des trafics plus ou moins louches.

Pour son témoignage (émaillé de menteries) avant le procès, je n'y reviens pas, vous le trouverez de la page 33 à la page 35 chez Me Denis Langlois.

Emile Hodey - mine de rien - fait un témoignage redoutable. Quand il parle du cric présent dans la voiture. Chez Me Philippe Lamour, dans sa célèbre plaidoirie d'octobre 1932 :

"Un cric aurait disparu. Il aurait été dans l’auto de Seznec avant son passage à Houdan. On ne l’aurait plus retrouvé ensuite.

Il y a pour cet « indice » un malheur. C’est que celui-là même qui a mis la voiture en état avant son départ de Morlaix, c’est à dire l’employé du garage de Morlaix, affirme être certain qu’il n’y avait pas de cric dans la voiture, et que son collègue Dzinbakonowski affirme exactement la même chose. Et eux le savent, parce qu’ils ont longuement examiné la voiture, et en détail, ayant mission de la mettre en état d’être vendue à son arrivée à Paris. (Déposition Golias, cote 78 ; déposition Dzinbakonowki, cote 88)

Hodey, garagiste à Dreux, qui a fait à la voiture une rapide réparation, affirme qu’il y avait un cric.

Les employés du garage de Morlaix affirment que non. Pourquoi ne pas tenir compte de leur déposition aussi bien que de celle de Hodey ?"

MAIS ce qui est beaucoup plus intéressant, ce sont les relations que notre pote Emile entretenait (#oupas) avec la police.

Et là, c'est au rapport Camard qu'il faut se référer. Oui, je sais, je sais, Denis Seznec fait l'impasse sur le rapport Camard. Ou du moins en parle très peu. Pourquoi ? Mais parce qu'il dessert son grand-père, pardi !

Vous en trouverez extrait au bas de cet article. Mais je relève quand même ce qui m'a intriguée :

"Naturellement, je ne me rappelle plus les détails de mes déclarations, vu le temps écoulé, et il me serait impossible de les refaire actuellement.

En tout cas, je vais affirmer qu'à aucun moment le Commissaire VIDAL n'a fait pression sur moi pour me faire déclarer autre chose que la vérité.

A cette époque, c'est-à-dire en mai et juin 1923 j'ai eu l'occasion de voir plusieurs fois le commissaire VIDAL qui effectuait une enquête dans la région en vue de retrouver le cadavre de QUEMENEUR.

L'année suivante, en 1924, j'ai été convoqué aux Assises à QUIMPER. J'y ai retrouvé le Commissaire VIDAL que je n'avais pas vu depuis l'année précédente.

Les Assises ont duré près de deux semaines, et les témoins qui vivaient en vase clos, tout au moins au début, dans une pièce du Palais de Justice, ont fini par lier connaissance et sympathiser par groupes.

Je ne me rappelle pas du tout le nom de Mlle HERANVAL. Je me souviens bien que parmi les témoins il y avait plusieurs jeunes filles et jeunes femmes du HAVRE ainsi que de HOUDAN, mais il m'est impossible de dire que le Commissaire VIDAL avait à cette occasion noué des relations avec l'une ou l'autre de celles-ci, et encore moins de dire qu'il occupait la même chambre que l'une d'elles à l'hôtel de l'Epée à QUIMPER. D'ailleurs, je n'étais pas descendu dans cet établissement, mais dans un autre situé sur une petite place, et dont je ne me rappelle plus le nom.

Par contre, je me souviens très bien qu'un jour, pour échapper à l'atmosphère des Assises, nous avons fait un petit voyage à Saint-Nazaire, le Commissaire VIDAL, un de ses Inspecteurs dont je ne saurais citer le nom ni préciser qu'il s'agissait de BONY, et moi-même. Il est encore exact que le soir, nous sommes allés faire un tour dans une maison publique de cette ville. Nous y avons bu un verre et c'est tout. Je me demande d'ailleurs en quoi ces détails peuvent avoir un rapport quelconque avec l'affaire SEZNEC, car je vous assure que nous ne parlions pas de cette affaire ensemble. C'était pour nous une occasion de détente, et notre séjour à QUIMPER nous a permis de faire quelques excursions et de visiter des fabriques de poteries bretonnes."

Voilà. Je vous laisse méditer le tout...

Liliane Langellier

P.S. J'allais oublier "la question pour un champion", me souffle-t-on dans l'oreillette gauche :

Si Jean Bouchard a remarqué des colis suspects sur le siège et le plancher de la Cadillac de Guillaume, pourquoi juste avant lui Emile Hodey n'a-t-il rien vu ????

P.S.2 De nouveau dans mon oreillette gauche :

Question subsidiaire : Guillaume Seznec dort dans son américaine, dans la cour de l'hôtel Nourrisson, toute la matinée du 26 - aurait-il dormi aussi longtemps s'il sortait déjà d'une grande sieste (de 23 heures environ à l'heure du laitier) ?

Affaire Seznec : Guillaume en mode "Sortie de Dreux"
Acte de Naissance de Jean Bouchard.

Acte de Naissance de Jean Bouchard.

Acte de Naissance de Jeanne Bouchard.

Acte de Naissance de Jeanne Bouchard.

Rapport Camard. Témoignage Emile Hodey. 12 janvier 1956 (1)

Rapport Camard. Témoignage Emile Hodey. 12 janvier 1956 (1)

Rapport Camard. Témoignage Emile Hodey. 12 janvier 1956 (2)

Rapport Camard. Témoignage Emile Hodey. 12 janvier 1956 (2)

Le Petit Parisien du 1er août 1923

Le Petit Parisien du 1er août 1923

Le Petit Parisien du 1er août 1923 (suite)

Le Petit Parisien du 1er août 1923 (suite)

Emile Hodey. Registre Matricule.

Emile Hodey. Registre Matricule.

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