Affaire Seznec : La piste de Lormaye

Pierre Quémeneur a-t-il été assassiné par Guillaume Seznec à Lormaye ?

Affaire Seznec : Pierre et Guillaume : les copains d'abord ?

 

 

 

 

 

 

"Dis-moi qui tu fréquentes...."

 

 

 

http://www.lepeintrewalje.be/Dessins/DESSINS%201996/Les%20copains%20d%27abord2.jpg

 

 

Cela me trotte dans la tête... Je me couche avec eux. Je me réveille avec eux (rien d'érotique dans ces propos). On est passé à côté de quelque chose. Ou plutôt à côté de quelqu'un. Non, de quelques-uns...

 

Comment cerner un homme si ce n'est par les personnes qu'il fréquente. Ou pas. Alors, je me lance. Ce n'est pas en vue de concourir pour le Nobel, juste de réfléchir ensemble. Et si vous avez des idées, la bulle "commentaires" est juste en bas de cette page.

 

Par respect, commençons par le disparu.

 

Pierre Quemeneur

 

On sait juste trois choses de lui. Il est très famille. Très politique. Et très fric.

 

1. La famille : il en a pléthore. Lire L'affaire Seznec : la piste de Lormaye : portrait de Pierre Quemeneur   Mais on ne nous présente que trois d'entre eux : Louis, Jenny, et Marie-Anne.

A-t-il le goût du partage ? L'amour de la charité ? Ou veut-il simplement que ces deux soeurs et ce frère ne lui fassent pas honte ?

 

Jenny sera sa gouvernante. On en parle si peu dans tous ces livres, que l'on ne connaît quasi rien d'elle. Si ce n'est qu'elle tenait la maison de Ker Abri. Qu'elle a impresionné les assises de Quimper en venant témoigner en longs voiles noirs et mouchoirs assortis. On a prétendu qu'elle a fini (pour qu'on ne lui pose plus de questions) religieuse à l'abbaye cistercienne "La Joie Notre Dame" de Campénéac, dans le Morbihan. Où elle a rendu son âme à Dieu le 29/12/1969.

Pour les curieux, vous pouvez voir l'abbaye sur : link

 

On a toujours prétendu qu'elle avait fait voeu de silence. C'est la règle de Saint Benoît qui régit Campénéac. Pour fréquenter l'abbaye bénédictine Saint Michel de Kergonan près de Carnac, et pour connaître "La clôture", les religieuses ont droit aux visites. Une heure par personne. Dans un petit parloir. Où elles sont derrière une grille (clôture) mais où on leur parle librement. Il y a même un petit tiroir aménagé pour leur passer éventuellement une lettre ou autre...

 

Alors, à mon avis, on a prétendu.... à tort....

 

Louis sera le coupeur de bois de Traou Nez. Je vais à Canossa (et retour) car j'avais prétendu qu'il buvait comme un trou (non, je ne l'avais pas inventé, juste lu chez Michel Keriel et Denis Seznec). Louis est dans l'ombre de Jean Pouliquen, LE beau-frère. Il fait ce quil dit. Il va où il veut. Il semble être soit autiste, soit ne pas vouloir larguer un mot de trop pour éviter de déplaire au Maître de Pont-l'Abbé.

 

Dans l'ouvrage de Claude Bal, entre la page 56 et la page 57, on trouve (chose rare) deux photos de Louis Quemeneur. Qui a rencontré Guillaume Seznec à son retour du bagne. Et qui mourra à Saint-Thégonnec le 28 avril 1954.


 

 

http://www.vacances-location.net/locations-vacances/map-town/finistere/le-cloitre-saint-thegonnec.png


 

Et la petite dernière ? Oui, (Bernez Rouz en note bas de page 18). Dont je n'ai jamais vu la moindre photo et dont on sait fort peu de choses, écrasée qu'elle est par son notaire de mari. Marianne-Rose-Laurence naît en 1886. Et épouse Jean Pouliquen le 20 janvier 1920. Elle aura deux garçons qui mourront jeunes de la tuberculose.

 

J'apprendrai, lors de la winter session du forum de Madame Lebranchu, j'apprendrai, par l'un des intervenants, que Marianne Pouliquen est décédée à l'âge de 95 ans, soit en 1981. Ce qui rendait furieux ce brillant intervenant (non, ce n'est pas du cirage) c'est l'impasse de Denis Seznec sur un témoin d'importance. Qu'il aurait eu tout le temps d'interroger... Avant sa mort.

 

Pour le notaire, et pour ménager la fragilité de mes petits nerfs, je vous suggère d'aller lire vous-même sur ce blog : Affaire Seznec : On a tous un beau-frère plus ou moins célèbre !

 

Bon, côté famille proche de Pierre, fermons le ban.

 

2. La politique : oui, abordons les potes de la politique maintenant. Si, au vu de son peu d'humour, il ne serait pas recruté comme G.O. au Club Med, Bernez Rouz est encore celui qui nous en apprend le plus et avec son exactitude coutumière  (cf en page 24 "les ambitions politiques")



http://www.archives-finistere.fr/userfiles/file/abcdaire/FRAD029_2FI277_016.jpg

 

 

Pierre connait tous les conseillers municipaux de Saint-Sauveur. Puisqu'il est l'un des leurs depuis le 10 mai 1908. il connait aussi tous les conseillers généraux du Finistère pour la même raison (il est élu conseiller général de Sizun le 21 décembre 1919). De la à dire qu'il connait tous les députés du Finistère, il n'y a qu'un pas. Et nos amis finistériens du blog "L'affaire Seznec revisitée" nous avaient dressé des biographies intéressantes de ces députés. Si vous voulez en savoir plus : gougueilisez donc "Députés du Finistère élus en 1919 et en 1924" et faites votre choix...

 

Il a été bistrotier, l'ami Pierre. A Saint-Sauveur. Donc, il en connait du monde. Mais il a un curieux penchant à ne fréquenter que des personnages qui lui laissent des ardoises considérables.

 

3. Le fric : De par son métier de vendeur de poteaux de mines (qui lui aurait valu sa grande fortune ?), il est amené à fréquenter des courtiers maritimes.

 

Si on en croit André de Jaegher (dont la parole est loin d'être d'or...) Felix Rogel, courtier maritime de Cardiff lui doit la bagatelle de 150.000 francs (1800 à 2000 livres, cf page 186 chez Bernez Rouz). Ce que ne nous précise pas ce cher André, représentant en charbon et poteaux de mines, c'est qu'il vient de faire faillite (frauduleuse ?) et de laisser à l'ami Pierre une conséquente ardoise de 72.302 francs.  

Felix Rogel pourra apporter les preuves que sa dette a été remboursée en 1921. Mais il ne s'étendra pas sur son absence de France du 19 mai au 15 juin. Cela nous amène à un point important qui n'a guère soucié les enquêteurs de l'époque : les relations internationales de Pierre Quemeneur !

 

On comprend mieux que la trésorerie de Pierrot ne soit pas à son zenith. On comprend moins bien qu'un homme d'affaires avisé comme lui se fasse berner par des rigolos !

 

Puisque je parle de rigolos, je souhaite ne pas oublier, dans la liste, la B.P.C. (Banque Privée Coloniale) par qui Pierre est pressenti via un certain Aymard Vacquié (cf page 23 Bernez Rouz) pour devenir directeur d'une agence (Cherbourg ? Le Havre ?) Faut-il qu'il investisse de l'argent dans la banque pour obtenir ce poste ? Il a rendez-vous à leur siège, 150 avenue du Maine à Paris, le samedi 26 mai. Et on sait tous désormais comment la B.P.C. a (mal) fini.

 

L'ancien maire de Landerneau, Julien Le Grand, ne dépare pas non plus dans la pièce de théâtre. Sauf que lui, il affectionne plutôt les coulisses. Vu qu'il s'est déjà distingué dans l'affaire Cadiou, dite de "La Grande-Palud" :

 

 

 

 

 

Et là on s'arrête et on se dit : soit l'ami Pierre a une sacrée scoumoune. Soit il a été envoûté par un sorcier landernéen. Soit les deux.

 

Je ne m'attarderai pas sur Alphonse Kerné, "the icing on the cake" comme disent les ricains, et que nous traduisons  par "la cerise sur le gâteau". Ce courtier en bois et charbon de Morlaix, travaille à son propre compte. Il se fait délivrer un arrêt médical pour son patron (?) attestant qu'il était chez sa mère à Chelles du 13 au 20 juin (si ces dates ne vous parlent pas dans l'emploi du temps de Guillaume Seznec, il est grand temps de réviser !) Celui-là m'inspire la plus grande méfiance. Mais je laisse à d'autres plus calés que moi sur le sujet le soin d'en parler.

 

Laissons-là l'ami Pierre pour aller fouiller du côté de l'ami Guillaume...

 

 

http://prdchroniques.blog.lemonde.fr/files/2006/12/seznec.jpg

 

 

Guillaume Seznec 

 

Lire : L'affaire Seznec : Guillaume Seznec était-il vraiment catholique ?

 

Dans la tendance "Faire pleurer Margot", on nous a assez rabâché qu'il était l'unique fils survivant de sa veuve de mère Marie-Anne Colin-Seznec. On nous a par contre peu parlé de sa charmante soeur, Marianne Seznec, qui a épousé un homme intéressant et puissant en secondes noces. Lire : Affaire Seznec : un beauf peut en cacher un autre...

 

On nous a encore moins tenu au parfum de sa belle-famille Marc et surtout des deux frères de Marie-Jeanne Marc, épouse Seznec, Pierre Marc, le mécanicien de Clichy qui va refiler tous les tuyaux à Guillaume quand il viendra à Paris s'acheter des voitures, dès 1919, et, Charles Marc,  l'acheteur (bidon ?) de la blanchisserie brestoise. Dont je n'ai toujours pas compris si elle avait été payée ou non aux Seznec. Un principe : jamais d'affaires avec la famille !

 

Tant pis pour les Seznecophiles, mais là il faut le dire, Guillaume est un opportuniste de première bourre. Et ses amitiés suivent le cours de ses affaires. En clair : ça va, ça vient. Y'a des hauts, y'a des bas...

 

Je ne pense pas un seul instant que Pierre Quemeneur ait été un véritable ami. Une relation d'affaires, sans aucuns doutes. Et qu'il connaissait depuis son affectation à Brest lors de la Première Guerre Mondiale.

 

Quand j'ai commencé à tenter de prendre connaissance de l'entourage de Guillaume, je n'ai pas eu assez de cahiers pour noter les noms des hommes de loi qu'il fréquentait. Il était très procédurier. Très dur en affaires. Et parfois "limite". Ce n'est pas parce qu'il s'est tapé ces horribles années de bagne, qu'il faut zapper le personnage réel.

 

http://media.communes.com/images/orig/postcard/maxi/29151/a7dc9b0bf5eacbe7329f818ea6ebc3f8

 

 

 

Gulllaume a deux choses dans le sang : la bricole et la magouille. Il peut vous transformer un vélo en frigidaire sans problèmes. Mais vous aurez du mal à savoir où se branche le courant....

 

La magouille, on a vu où ça l'a mené.

 

Côté, les fréquentations, pas vraiment faciles à cerner. Guillaume ne travaille pas en meutes, il est plutôt du genre à vaquer en "loup solitaire". Si on se contente de l'année 1923 (et on va s'en contenter), autour de lui gravitent (entre autres) :

 

Mettons à part Raymond Samson, son fidèle chauffeur, et Angèle Labigou, sa dévouée bonne.

 

- Barthelemy Spor : le garagiste mécanicien de Lambézellec, le fameux disparu corps et biens (aux Etats-Unis ?) en mai 1923. Que l'on retrouve, grâce aux travaux d'une généalogiste, mécanicien-auto à Pantin. Brest/Pantin, c'est pas l'Amérique, hein ?

 

- Ernest Ackermann : Un suisse américain polygame qu'il a connu à Brest. Avec qui il a sans doute traficoté. Et qui lui propose encore des paris hippiques courant mai 1923. A classer dans la catégorie louche et peu fréquentable.

 

- André de Jaegher : personnage trouble. Très bien décrit en pages 132 et suivantes par Bernez Rouz (et oui, encore lui !) Qui prend racine à Traon-ar-Velin. Et qui tient curieusement des conférences de presse aux journalistes. Remarquez, au chomâge, il n'avait rien d'autre à faire, donc....

 

Je vous fais grâce ici des amis passagers pour des affaires bizarres. Des associés d'un soir, etc...

 

 

 

Après avoir lu tout ça, on peut juste se dire que Pierre et Guillaume ne fréquentaient pas que du beau monde. Et qu'à force de tirer sur la corde, l'un a fini par se la prendre autour du cou alors que l'autre a eu du pot d'y échapper de peu !

 

Liliane Langellier

 

 

http://www.geobreizh.com/breizh/images/signaletique/sortie-landerne2.jpg

 

 

 

http://www.geobreizh.com/breizh/images/signaletique/entree-montroulez2.jpg

 

 

Landerneau vs Morlaix : 1 / 1

 

 

 

P.S. Je retourne désormais sagement à ma piste de Lormaye. Ce n'était qu'un simple détour... Mais pour ceux qui habitent le Finistère, et qui sont passionnés par cette affaire, il n'y a qu'une seule solution pour faire avancer cette histoire, sur le chemin de laquelle je vous ai semé quelques petits cailloux : la consultation des archives ! A consommer sans modération.... 

 

 

 


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