Pierre Quémeneur a-t-il été assassiné par Guillaume Seznec à Lormaye ?
3 Avril 2015
qui tacet consentire videtur (« qui se tait semble consentir »).
Boniface VIII
Plus que les cahiers de Madame Bataille, s'il y a quelque chose qui me dérange dans l'affaire Seznec, c'est bien la mort du gendre : François Le Her...
J'avais un peu oublié.
Avec la sortie du livre de Maître Denis Langlois.
J'en profite pour dire ici à ses délateurs que je ne vois pas pourquoi il serait allé s'embêter à révéler un secret de famille s'il n'avait pas été sûr de lui !
Je leur rappelle aussi sa vie de combats. Contre les injustices.
Oui, lui, il ne s'est pas borné à écrire - en se grattant le nombril et en se sucrant l'ego - quelques phrases puantes de certitudes et aveuglément pro Seznec sur un forum.
Il s'est battu pour la Justice. Avec un grand J.
Il a fait de son combat la misère et les guerres.
Et l'affaire Seznec n'est que l'une de ses nombreuses luttes.
Ouf ! Voilà qui va mieux en le disant.
Revenons à Le Her...
C'est Madame Berthou qui m'a mis la puce à l'oreille.....
Je résume donc à nouveau ce qu'elle m'a dit dans notre conversation téléphonique du mois dernier :
"Un soir que je rentrais par le car, à l'arrêt de Riec-sur-Bélon, un homme est descendu en même temps que moi. J'ai pris la route de Rudéval. Dont la ferme est éloignée d'environ trois kilomètres. L'homme a pris la même direction que moi. Au moment où la route se fait côte, il m'a demandé si c'était bien le chemin pour aller à Rudéval. Elle a acquiescé."
Et elle m'a ajouté que cet homme, Emilien Florent ou Florent Emilien, selon les différents auteurs, avait passé la nuit entière à discuter avec Guillaume Seznec.
C'était fin septembre 1948.
Elle a ajouté encore deux choses, et qui ne sont pas sans importance.
1/ La femme qui était avec ce Monsieur-là était une amie de Jeanne Le Her. Une cartomancienne parisienne.
2/ Elle m'a dit avoir parlé de tout cela - plus tard - à Denis Seznec. Qui lui a demandé de se taire car elle mettait sa vie en danger....
Et nous voilà encore en plein dans la thèse du grand complot !
Le grand complot de la famille Seznec, hein, pas celui de l'Etat, entre nous, faut rester simple.
Donc...
Madame Berthou me met la puce à l'oreille...
Mais pas qu'elle, hein ?
Certains d'entre vous doivent se souvenir de la comédie que j'ai essuyée quand j'ai osé chercher à savoir les dates auxquelles François Le Her avait été enfermé au camp de Saint-Pabu pour avoir dénoncé des résistants... Il l'a d'ailleurs échappé belle dans les règlements de comptes un peu désordres et hâtifs de La Libération.
Pourquoi ne pas parler de Saint-Pabu ?
J'ai posé la question sur Facebook à un Historien breton qui est sur ma page : silence radio.
Pendant la période de l'Occupation, la Bretagne a été comme les autres provinces de France. Elle a eu son lot de héros. Elle a eu son lot de salauds.
Alors, il est où le problème ???
Tous les détails sont importants dans une telle histoire tissée de mensonges. Et le temps exact que François Le Her a passé à Saint-Pabu n'est pas moins important que le reste.
Même si j'éprouvais pour ses connaissances sur l'affaire Seznec une grande admiration, je ne suisi pas assez sotte pour ne pas avoir remarqué que SaintOp (oui, le "seznek" de "L'affaire revisitée") coupait toujours court si une question sur Le Her était posée sur le forum de Marylise Lebranchu.
Tout juste si nous n'étions pas accusées d'être plus ou moins "des malsaines" pour nous intéresser à cet individu.
L'admiration ne m'a jamais rendue ni idiote ni aveugle.
Alors je pose question : pourquoi cette omerta sur la mort de François Le Her ?
1/ Le dessert chez les Le Her
Je vous dresse la scène : nous sommes le dimanche 3 octobre 1948.
Dans la ferme de Plourin-Ploudalmézeau.
Le lendemain, 4 octobre, c'est l'anniversaire de Bernard Le Her.
Dans toute famille "normale", on aurait préparé un gâteau avec 5 bougies (oui, Bernard Le Her était né le 4 octobre 1943). Mais, là, non.... Au moment du dessert, on envoie les enfants jouer dans le jardin. Et le plus loin possible de la maison.
Non. Ce n'était pas Pâques; Non. Ce n'était pas pour la chasse aux oeufs.
En clair et non crypté : on les éloigne.
2/ Le revolver sur le buffet
Tout le monde trouve sans doute normal qu'avec 4 enfants à la maison, il y ait un revolver en vue sur le buffet. Et qu'il soit posé là sans que son cran d'arrêt ne soit mis.
C'est pas coutume dominicale dans toutes les familles, ça, hein ?
3/ Le coup de grâce
Bruno Gestermann m'a souvent posé la question de "comment je m'y serais prise pour tuer un homme face à moi".
Difficile de lui répondre.
Je hais les armes.
Je n'en possède pas.
Et je n'aime pas trop ceux qui en possèdent.
Mais pour vérifier ses dires, j'ai bien lu le rapport d'autopsie de François Le Her.
Oui, il y a eu le "coup de grâce" donné derrière la nuque.
Cet ultime coup qui permet de s'assurer que le mort ne sera plus jamais vivant !
En page 114 de Michel Keriel (oui, je sais, d'après certains faut pas croire ce qu'il y a d'écrit dans les livres, livres auxquels ils font référence par ailleurs pour leurs propres écrits...) :
"Le cadavre de François Le Her présente trois blessures par balles, aucune balle n'étant restée incluse.Il y a donc trois orifices d'entrée et de sortie. Les trois balles ont été tirées à courte distance, de la gauche vers la droite de la victime, en ce qui concerne deux d'entre elles d'arrière en avant, en ce qui concerne la troisième ayant pénétré au niveau de la nuque. Ces blessures sont contemporaines de la mort. L'une d'entre elles, celle due à la balle tirée d'arrière en avant au niveau de la nuque, est susceptible d'avoir amené une mort presqu'immédiate. Elle est certainement la cause de la mort."
Brest, le 5 octobre 1948.
4/ La commande de la digitaline
Oui, oui, on sait Juliette Le Her était mythomane.
François Le Her était mythomane.
Mais y'a pas qu'eux, hein ?
D'ailleurs Albert Seznec - son propre fils - n'a jamais nié que Guillaume Seznec lui avait demandé par courrier, 250 grammes de digitaline.
Histoire de lui aiguiser l'appétit.
Quand j'ai posé question à mes potes médecins ou pharmaciens, ils m'ont d'abord répondu que je m'étais trompée dans le grammage. Mais je m'étais - fort heureusement - munie du livre où la lettre est reproduite in extenso (oui, ça vient du Proc" de Quimper, comme les renseignements de Rouz et de Keriel, je vous laisse donc libres d'y croire.... ou pas...)
Après : stupéfaction générale. Et réponse unanime : mais il y a de quoi tuer plus qu'un régiment.
La digitaline est un violent poison.
Vous pouvez vérifier. Google parle bien à qui sait lui poser correctement les questions.
Et alors ça, ça date de janvier 1948.
Quelqu'un est revenu sur le sujet ???
Quelque chose m'aurait échappé quelque part ???
Il y a aussi ce "point de détail" - comme dirait un borgne maléfique - dont Juliette Le Her témoigne, toujours à Brest et toujours devant le juge Sultana et que l'on retrouve en page 143 chez Keriel : "(...) Mon père avait surpris une conversation téléphonique entre l'ancien juge Hervé et Jeanne Seznec. Il résultait de cette conversation que Jeanne Seznec devait tuer mon père...."
Ne venez pas me chanter que le juge Hervé ou Jeanne Le Her étaient des êtres équilibrés.
Qui ne mentaient jamais.
Et qui avaient des conduites de "gens normaux".
Sans aucune obsession pathologique.
Parce que, là, je vais vous rire au nez.
Bon.
Ce sera tout.
C'est pour votre réflexion du week-end pascal.
Et comme on écrit couramment sur Twitter :
"Je pose ça là".
Liliane Langellier