9 Février 2015
Quand on referme ce livre…
Quand on referme ce livre, les deux premières impressions qui dominent sont : la douceur et la paix.
Etonnant pour un livre qui traite d’une histoire violente.
Et d’une histoire qui a suscité tant de violences.
Denis Langlois consacre ses 7 premiers chapitres à rappeler ce que fut, pour la France entière, l’affaire Seznec.
Les faits. L’arrestation de Guillaume Seznec. L’enquête. L’inculpation. L’instruction. Le procès. Le bagne. La mort.
Et il a raison d’aborder le sujet ainsi.
Tous ses futurs lecteurs ne connaissent pas l’affaire Seznec.
Ou du moins ce qu’ils en connaissent se résume souvent à une phrase dite et redite : « Il est courageux, le petit-fils de défendre ainsi son grand-père ! »
Et c’est là que le bât blesse.
Parce qu’un petit-fils, il n’y en avait pas qu’un.
Parce que Denis Langlois nous l’avait déjà signalé sur son blog, Bernard Le Her , né en 1943, est le frère aîné de Denis qui est né, lui, le 26 décembre 1946. Mais qu’importe…
L’affaire Seznec, c’est l’affaire du grand blond. Point barre.
Seulement voilà….
Bernard Le Her, un beau jour de janvier 1978, pousse la porte du cabinet de Maître Langlois… Denis Le Her est au courant. Il l’a d’ailleurs aimablement décrit : « Vous verrez, il ressemble à « son » père François Le Her. »
Ces disputes familiales ne sont pas nouvelles. Elles émaillent toute l’affaire. Comme l’auteur nous le rappelle en page 208 :
« Dès ce moment, je comprends que l’affaire Seznec est non seulement une affaire judiciaire et médiatique, mais aussi un conflit familial permanent : Marie-Jeanne contre sa belle-mère, Jeanne Seznec contre ses frères Petit-Guillaume et Albert, Seznec contre son gendre Le Her. Aujourd’hui, les deux petits-fils Le Her l’un contre l’autre. »
On peut comprendre la surprise de l’avocat…
« Mais brusquement se produit un évènement qui, pour moi, va avoir de graves conséquences que je ne peux alors soupçonner. (…)
Le 6 janvier 1978, Bernard Le Her me demande de le recevoir. Il a des informations importantes à me communiquer qu’il ne peut pas confier par téléphone. Je le reçois immédiatement.
(…) Bernard me présente cérémonieusement ses vœux de nouvelle année. Il se plaint de ce que son frère s’empare de l’affaire « au nom de la famille », alors que personne ne l’a désigné. »
C’est que Bernard tient un secret de son oncle Petit-Guillaume, fils aîné de Guillaume Seznec.
Et il le balance ce secret. Oui, juste là. Comme ça.
« Je reste un instant sans voix, dit Denis Langlois, puis je lui demande de m’assurer qu’il ne fait pas de telles déclarations par jalousie vis-à-vis de son frère. Il s’offusque et affirme que son seul souci est la vérité. »
Seulement « verba volant… »… Alors Bernard va avoir l’astucieuse idée d’enregistrer son oncle. A son insu.
Maître Langlois ajoute : « Je n’aime pas beaucoup ce genre de méthode, mais, sonné, je laisse faire. »
Et ce qui fut dit fut fait.
Là, le lecteur, et surtout l’aficionado de l’affaire Seznec a le souffle coupé.
Et les jambes qui vacillent…
Il relit même deux ou trois fois certains passages pour être sûr qu’il n’a pas rêvé.
Denis Langlois, lui, de son côté, vérifie tout ce qu’il peut vérifier. Il y a eu tellement de mensonges dans cette affaire, qu’on n’est jamais trop prudent.
Seulement là, on n’est pas dans le cas d’une hypothèse mais dans celui d’une révélation. Donc on abandonne la conjugaison au conditionnel pour adopter celle à l’indicatif présent.
Quelques pages plus loin, en page 244, pour être précise, on part pour Lencloître. Cette bourgade au sud de Poitiers. Ou une certaine Madame Bataille a vainement tenté de se faire entendre lors des émissions d’Europe 1 de janvier 1979.
Et qui a été censurée par Pierre Bellemare et Denis Seznec.
Elle est si sûre d’elle qu’elle va demander à un avocat, Me Etienne Gouvernel de joindre Me Denis Langlois pour lui remettre ses cahiers.
Là encore, objet de dispute entre les deux frères.
Car notre Madame Bataille est futée…. Et elle a fini par trouver les coordonnées de Bernard Le Her. Qu’elle va joindre. Et qui, lui, va l’écouter.
Il va même aller jusqu’à faire creuser à l’endroit qu’elle indique… En Bretagne !
Seulement il y a un hic. Bernard a fait tout cela sans la permission de Denis Le Her. Pour trancher le tout, les deux frères demandent à leur avocat de les accompagner à Sancergues le 17 janvier 1986.
Le retour sera apocalyptique.
Denis hurle.
En réponse à Bernard qui tente : « J’ai autant de droits que toi ! »,
Denis hurle : « Non, c’est moi qui ai été désigné par grand-père, je suis son filleul et puis maman m’a chargé de la révision ! Tu n’avais pas le droit ! C’est moi ! »
Ambiance.
On connaît la suite…
Denis Seznec va se séparer de Maître Langlois qui a défendu sa famille non seulement loyalement mais aussi gratuitement pendant quatorze ans (de 1976 à 1990).
Complètement hors de contrôle, Denis Le Her, devenu Denis Seznec, va passer à la vitesse supérieure pour être adulé par les médias. Qui tomberont dans le piège. Sans aucun état d’âme.
Vous êtes déçus ?
Vous n’imaginiez quand même pas que j’allais d’une part vous révéler le secret de famille et d’autre part vous en raconter plus sur Madame Bataille.
Car tout ça, et bien tout ça, c’est à lire dans le livre de Maître Denis Langlois « Pour en finir avec l’affaire Seznec ».
Livre publié aux Editions de la Différence. Qui doit paraître le jeudi 12 février prochain.
Livre dont vous ne vous priverez pas, n’est-ce pas ?
Parce que, pour trouver douceur et paix dans toute cette tourmente, c’est du vrai travail d’artiste.
Liliane Langellier