Affaire Seznec : La piste de Lormaye

Pierre Quémeneur a-t-il été assassiné par Guillaume Seznec à Lormaye ?

Affaire Seznec : les mensonges de Jeanne

« Le temps met tout en lumière. » Thalès

Voilà qui sonnerait fort bien pour une enseigne de boutique...

Plutôt de mercerie : "Aux petits mensonges de Jeanne".

Remarquez, pour une brodeuse, broder, cela va de soi !

1. La mort de sa belle-mère

Le premier exemple n'est pas extrêmement important.

Ce qui est important c'est que Jeanne a menti devant le juge d'instruction Sultana.

Lors de son interrogatoire du 11 octobre 1948. A Brest.

Alors qu'elle est interrogée après avoir flingué son boulet.

Et que ce mensonge concerne sa belle-mère.

Si vous avez lu Michel Keriel, c'est en page 121 :

"Nous sommes arrivés à Brest courant septembre 1939 et avons occupé un sous-sol meublé pendant un mois au Ruisan. Nous nous sommes ensuite installés en novembre 1939 à Plourin-Ploudalmézeau, à la ferme Kergleuchard, appartenant la mère de Le Her, décédée depuis deux ans."

(ndlr Tout être doué de raison comprend donc que la belle doche est passée ad patres en 1937).

Phrase anodine s'il en est.

Sauf que...

Mon correspondant quimpérois est féru de généalogie. Et que la généalogie, elle, elle ne brode pas.

Or la Marie-Yvonne Conq, épouse du Yves Le Her, elle est morte le 19 mars 1946.

Soit peu avant son fisset.

Comme vous le prouve le document ci-dessous.

Pourquoi la faire mourir 9 ans plus tôt ?

Je le répète. Ce serait un mensonge totalement anodin. S'il n'était proféré devant le Juge Sultana !

2. Le séjour à Jersey

Après avoir trouvé odieux que Marie laisse sa mère gravement malade pour partir à Jersey (c'est une maladie le trip Jersey dans cette famille !). Voilà Jeanne qui part à son tour...

Le mensonge de la soeur Carmélite est inclus dans celui-là.

Cela nous donnera, au final, un plus grand ouvrage de broderie.

On ne comprend d'ailleurs pas très bien pourquoi Marie, la future carmélite en partance pour Jersey, passe un mois chez sa marraine PetitColas, une journée avec sa mère bien-aimée, et trois jours à Lorient. Auprès de Jeanne à l'orphelinat.

Mais qui nous a demandé de comprendre, hein ?

En 1929, Jeanne a 17 ans 1/2, comme elle est née en novembre 1912, là, on ne brode pas.

Mais Guillaume, lui, a 19 ans... D'après le haut de la page 106 chez la Sylvane.

C'est une maladie grave dans cette famille que de décaler d'un an la date de naissance de "Petit Guillaume".

Mais, là, on ne peut pas leur reprocher de ne pas broder l'ouvrage en choeur.

Si Guillaume est né le 1er mars 1911, en 1929... Il a... Il n'a pas...

Pour vérifier, suffit de relire la très intéressante vraie généalogie de la famille Seznec.

Revenons à Jersey.

Chez Claude Syvane, qui est en féminin à l'exactitude ce que Momo Privat était en masculin, nous trouvons un récit selon lequel, Marie-Jeanne, déjà fort malade, exige que sa fille Jeanne parte immédiatement pour Jersey. Car, sentant sa mort prochaine, elle ne veut pas la laisser seule à Paris.

Là nous sommes environ au printemps 1931. Puisque Marie-Jeanne meurt le 14 mai.

Devant le juge Sultana, Jeanne nous brode (in Keriel page 117) :

"Puis, avec ma mère qui était malade, nous avons loué une chambre avenue Vélasquez où nous sommes restés environ trois mois. Nous étions secourus par les Jésuites. Dans le courant de l'année 1930 (ndlr : ?) les Jésuites m'ont envoyée chez les religieuses au Carmel de Jersey où je suis restée six mois environ. J'y étais lorsque j'ai appris la mort de ma mère."

Voilà donc déjà deux broderies qui ne pourront pas être mises bout à bout pour faire le même ouvrage.

Mais il y en a une troisième dans la lettre de Charles Huzo envoie le 19 mai 1931 au bagnard Seznec pour lui apprendre la mort de son épouse :

"Votre Jeannette qui avait quitté il y a un mois environ sa mère pour aller s'employer à Jersey, chez une amie de la supérieure d'un couvent, a dû, au bout de quelques jours, a-t-elle écrit, entrer dans un sanatorium. Son état n'est pas bien grave, elle s'en tirera vite. Ainsi elle n'a pas connu à temps le décès de sa mère."

Que ces deux femmes aient connu une misère noire après les conneries de Guillaume, je n'en doute pas un seul instant.

Mais il persiste des zones d'ombre.

Une maman, on n'en a qu'une, me répétait souvent la mienne.

Et lors de ses derniers jours, j'ai dormi au pied de son lit, et je ne l'ai pas quittée un seul instant pour être près d'elle au moment du grand passage.

C'est ainsi qu'on m'avait élevée dans ma famille catholique. Puisqu'on n'arrête pas de nous bassiner avec le catholicisme de la famille Seznec....

C'est surtout, surtout, ce que me commandait mon coeur de fille aimante.

Et personne, personne n'aurait pu m'arracher à elle.

Jeanne part à Jersey un mois avant le décès de sa mère. Et ne revient pas à temps pour l'enterrement ?

Le télégramme existait entre Paris et Jersey.

Et si, une fois de plus, j'en crois encore les archives de Paris, cette fois, Marie-Jeanne est morte le 14 mai mais n'a été enterrée au cimetière de Saint-Ouen que le 18 mai 1931. Il y avait le temps, non ?

3. Le meurtre de François Le Her

Elle a tué.

Elle n'a pas tué mais quelqu'un d'autre présent dans la pièce aurait tué.

J'ai parlé avec M. Bruno Gestermann qui a attiré mon attention sur un point qui est encore un point de broderie mais pas un point de détail.

"Le coup de grâce"... Oui, vous savez celui que les mafieux tirent dans la nuque de leur victime pour être certains qu'elle n'est plus vivante.

Et bien "le coup de grâce", le père François y a eu droit.

En page 114 de Keriel sur l'autopsie de Le Her :

"Le cadavre de Le Her François présente trois blessures par balles, aucune balle n'étant restée incluse. Il y a donc trois orifices d'entrée et de sortie. Les trois balles ont été tirées à courte distance, de la gauche vers la droite de la victime en ce qui concerne deux d'entre elles d'arrière en avant, en ce qui concerne la troisième ayant pénétré au niveau de la nuque."

Comme on écrit sur Twitter : "je pose ça là".

4. La demande de révision avec Claude Bal

Alors là...

Là, tous les fils se sont barrés de la broderie et je défie quiconque de pouvoir les retrouver.

Comme cet histoire avec Claude Bal, le beau gosse, l'alcoolique, le séducteur, le menteur, j'en passe et des meilleures, me soule (c'est le juste mot) je vous suggère la lecture de mon article : Les demandes de révision du procès de Guillaume (3)

Sur son blog, Me Denis Langlois nous explique : "La requête en révision déposée par Claude Bal a donné lieu à une opposition entre les trois enfants survivants de Guillaume Seznec. Albert et Petit-Guillaume reprochent à leur soeur Jeanne de chercher à se faire de la publicité en discréditant les démarches de Claude Bal."

Et d'enchaîner sur "Claude Bal et Jeanne Seznec : la grande bagarre"

Les deux frangins, Petit Guillaume et Albert vont quand même aller jusqu'à écrire au Garde des Sceaux :

"(...)certains que vous saurez excuser les paroles ou les actes désordonnés de notre soeur..."

Tout cela est confondant.

C'est un peu comme dans le jeu des 7 familles, dans la famille "menteurs", je demande le grand-père, le père, la mère, le petit-fils, etc...

Faut-il en rire ou en pleurer...

Je ne sais...

J'ai toujours détesté la broderie.

Liliane Langellier

Sage comme une image ?

Sage comme une image ?

Acte de décès de Marie Conq.

Acte de décès de Marie Conq.

Jeanne à Plourin.

Jeanne à Plourin.

Frères et... soeur !

Frères et... soeur !

Frères et... soeur ! (suite)

Frères et... soeur ! (suite)

Un grand merci

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Affaire Seznec : les mensonges de Jeanne
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M
Pour le mensonge N°1 , elle s'exprime en 1948 et dit que sa belle mère est morte depuis 2 ans....
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B
oh la menteuse !!
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